Trouver un sens… La semaine passée, je voulais écrire un article pour mon blogue et j’ai dû m’abstenir en raison de l’énorme confusion qui régnait dans ma tête et dans mon cœur. Oh! Ne vous en faites pas… rien de dramatique, des petites inquiétudes, des questionnements, une recherche de sens…

Le tout commença alors que je participais à une réunion pour mon travail. Une personne me questionna sur mon passé, mon ministère, ma vie de moine, mes expériences comme prêtre, etc. Les conversations semblables s’arrêtent souvent là… dans des curiosités habituelles et des réponses plutôt courantes et anodines pour un habitué du sujet. 

Mais cette fois, alors que mon cerveau était occupé à autre chose et mon mécanisme de défense était à son plus faible, cette même personne revint vers moi pour me poser une dernière question : « Mais tsé, comme prêtre tu étais aimé, apprécié, valorisé… tu ne t’ennuies pas du ministère? »

Trouver un sens dans le changement

Évidemment que ce genre de question m’avait déjà été posée par le passé. Mais cette fois, j’avais baissé ma garde, je ne m’attendais plus à me faire questionner, je ne pensais plus au sujet que j’étais. Cette fois, cette question m’a rendu émotif et quelque peu nostalgique : « Oui, je m’en ennuie… en fait, je m’ennuie d’avoir le sentiment de faire une différence dans la vie des gens. »

C’était trop tard, le mal était fait… mon cœur ouvert laissait tranquillement l’émotion remonter à la surface. Les deuils d’un ministère passé semblaient résolus, mais je pouvais bel et bien voir que tel n’était pas le cas. 

Je n’osais pas laisser transparaître ce qui m’habitait et je m’empressai de changer de sujet. J’étais moi-même surpris de cette fragilité soudaine, de cette émotivité inattendue, de ces émotions refoulées. 

J’ai alors pris le temps de réfléchir, d’essayer de comprendre, d’évaluer ce que je venais de vivre. Je devais trouver un sens à ma tristesse soudaine alors que tout dans ma vie est tout de même positif. 

Trouver un sens malgré les pertes

Les jours qui ont suivi se sont succédé de façon providentiellement fuckée. Comme jamais, je recevais des messages de gens qui admiraient mon parcours, ma recherche, mes quêtes, mes partages, etc. Étant un éternel douteux de lui-même, cela est encourageant évidemment, mais je n’arrivais toujours pas à mettre des mots sur les maux de mon âme.

C’est lors d’une autre réunion à la Maison Bellarmin que j’ai finalement pu comprendre ce qui m’habitait. Alors que je rentrai dans cette maison, je fus soudainement ramené à ma retraite de discernement et mes nombreuses rencontres avec le P. Jean-Guy Saint-Arnaud afin de déterminer si je devais quitter ou non le sacerdoce. J’étais là, dans cette maison où j’avais versé tant de larmes, dans cette même maison où j’avais insulté le Christ à la chapelle et là encore où j’avais jadis volé une barre tendre et une boisson. (Je vous invite à relire mon article à ce sujet ici).

Ces rencontres tournaient autour d’un même sujet : ma quête de sens. Je savais qu’une partie de ma mission serait d’écrire… mais comment écrire et m’y dédier totalement sans revenus? Sans ressources? Le bon père ne m’offrait jamais de solution, mais m’encourageait toujours à écouter cette voix intérieure qui me guidait vers l’écriture. Il savait que c’était là ma mission. 

Au-delà de mon désir d’écrire, je faisais face à ma recherche d’authenticité, de vérité, de transparence et je savais qu’éventuellement je devais en venir à quitter le sacerdoce qui pourtant symbolisait une grande partie de ma vie. Je devais accepter de perdre mon statut pour vivre authentiquement… je devais accepter de perdre ma voix… 

Trouver un sens dans la nouveauté et l’inconnu

Oui, vous avez bien lu! Perdre ma voix! En étant prêtre, malgré la popularité décroissante de l’Église Catholique, j’attirais les regards et les oreilles… mon jeune âge, mon collet romain, mes convictions… suscitaient du moins la curiosité chez mes interlocuteurs qui se plaisaient à m’entendre prêcher. 

Combien de fois, lors de mariages, baptêmes, funérailles ou messes spéciales, je me faisais accoster afin de me faire dire l’habituel compliment : « si j’avais un prêtre comme vous dans mon coin, je retournerais à la messe. » Loin de moi le désir de me vanter ou de m’enorgueillir… mais j’avoue que c’était touchant. 

En fait, ce qui était agréable n’était pas nécessairement les compliments, mais le sentiment profond de toucher les cœurs, d’aider les gens, de faire du bien… oui, de faire du bien. 

C’est cette voie et cette voix que je semble avoir soudainement perdues alors que j’ai mis de côté le collet romain et mon statut de prêtre. Pourtant, je ne crois pas avoir changé… les gens qui jadis m’encourageaient dans ma mission et soutenaient mes œuvres me regardent désormais avec dédain… mes écrits jadis appréciés par une multitude semblent désormais rejoindre qu’une poignée de « fidèles » lecteurs et lectrices. 

Alors, est-ce que mon statut de prêtre a emporté avec lui tous mes charismes? Mon cœur et mon âme en recherche sont-ils désormais insignifiants? 

Ces mêmes gens qui louangeaient mes homélies avaient peut-être raison alors qu’ils me disaient, une fois quittée la prêtrise, de devoir tout simplement travailler comme tout le monde et arrêter de me poser des questions et de chercher un sens à ma mission et à ma vie? Et si, cette connaissance avait raison en me disant ce qui suit : « Tu dois arrêter de rêver comme un enfant et penser à ton fonds de pension! »

Peut-être… mais je sais qu’après avoir entendu tant de confessions et avoir assisté tant de mourants que je ne veux pas en arriver là… À cet endroit trop fréquent chez celles et ceux qui quittent ce monde… au seuil de la mort habité par le regret! Le regret de ne pas avoir fait… de ne pas avoir essayé… de ne pas avoir persévéré… de ne pas avoir réalisé!

Ma voix a peut-être changé… elle est peut-être moins imposante et moins importante, mais je crois qu’elle peut encore aider et soutenir celles et ceux qui, comme moi, cherchent un sens à leur vie.

Et vous? Votre mission? L’avez-vous saisie? Si le cœur vous en dit… partagez… on sait jamais!