Avez-vous déjà expérimenté de la difficulté à mettre des limites dans votre vie? C’est-à-dire de la difficulté à protéger votre espace, à faire respecter votre bulle et votre intimité? C’est surprenant de constater le nombre de personnes qui expérimentent ce défi…
Je fais partie de ceux qui sont en voie de régler le tout… de ceux qui ont pris conscience de cette dynamique malsaine et qui tentent maintenant de bien baliser et protéger leur espace… mais oh combien je deviens maintenant le «pas bon» aux yeux des autres!
Dans le passé, je me retrouvais toujours dans la situation de celui qui acceptait tout et qui n’affirmait pas ses besoins. La peur du rejet et de l’abandon régnait dans mes relations et dire «non» était pour moi une façon de me mettre à risque.
Coupable d’être bon
C’est à travers la thérapie, l’acceptation de ma personne et le fait d’apprendre à m’aimer que j’ai commencé à reconnaître les «patterns» malsains dans lesquels je m’enlisais. Parmi ces derniers, mon manque d’affirmation et de protection.
J’ai toujours été un livre ouvert… mais malgré moi, dans mes relations d’amitié ou amoureuses, je prenais le rôle du caméléon. Il ne faudrait pas saisir cette image comme un mécanisme négatif de manipulation. Je ne crois pas être ce type de personne. Je me réfère plutôt au fait de m’adapter à l’autre jusqu’à m’y perdre.
Oui, combien de fois, j’ai adapté mon style vestimentaire, j’ai changé mes habitudes de vie, renoncé à mes passions et rêves pour tout simplement m’insérer dans la vision et les rêves de l’autre. Tout cela faisait partie de cette même peur de déplaire et, ultimement, celle d’être rejeté.
Dire «non» pouvait me mettre en péril, je devais tout donner, au risque de tout perdre, pour que l’autre puisse tout simplement m’aimer. Mais n’est-ce pas un jeu dangereux dans lequel nous risquons parfois de nous perdre nous-mêmes et de tout perdre en conséquence?
Être coupable de dire non
J’ai alors cheminé depuis un certain temps pour comprendre ce qui chez moi était une porte ouverte à l’abus et à l’exagération. J’ai cheminé pour essayer de régler une conséquence récurrente de ce schème que je classifierais de cercle vicieux… je tente de vous expliquer.
N’ayant jamais mis de limites auparavant dans mes relations, j’étais de ceux qui accumulaient les frustrations. Cherchant tellement à être ce que l’autre voulait de moi, je me perdais dans le processus et finissais par accumuler les irritants pour finalement, après des mois, voir même des années, exploser de colère. Ma colère n’était pas nécessairement verbalement correcte. Même si je m’exprime habituellement dans le calme, elle devenait un amas de tellement d’éléments que l’autre la recevait comme une tempête de sable dans une contrée de neige!
Je me retrouvais donc encore plus incompris. Je récriminais des choses qui n’avaient jamais été manifestes dans notre relation amicale ou amoureuse et, n’ayant jamais été totalement moi-même, j’étais perçu comme un désillusionné. Le bon Nicola, accommodant, devenait soudainement le dépressif/négatif qui devait aller chercher de l’aide pour régler ses problèmes.
Pourtant, je ne faisais que chercher à me retrouver alors que j’avais tout perdu de moi-même dans un don imparfait et maladroit de ma personne. Ayant toujours dit oui, mes «non» devenaient des actes de rébellion incompris.
Dire «non», éviter d’être coupable
J’ai alors cheminé pour trouver les façons et la force en moi de dire «non», de mettre des balises et de m’affirmer davantage. C’est un processus bien encore imparfait… mais je sais que je suis déjà capable de mieux m’affirmer et de me protéger, même si j’ai dû tout perdre dans les dernières années pour y arriver.
C’est à force de petits «non» que je deviens capable d’éviter la plus grande perte : celle de me perdre moi-même dans mes relations. J’ai donc appris à affirmer mes doutes, mes limites, mes hésitations, mon besoin d’espace, etc.
Ce qui me surprend le plus dans ce processus, ce sont les insultes qui parfois me sont adressées par des «amis» ou «proches» parce que désormais je ne suis plus le bon petit «oui» innocent qui accepte tout. Dans ce même cheminement, je suis à même de percevoir les traits de caractère et les éléments chez les autres qui peuvent me nuire et je prends des distances volontaires pour éviter de me blesser.
Malgré tout cela, je reçois encore des messages d’insultes ou de reproches qui me sont adressés sans fondements alors que ma seule préoccupation est de veiller sur mon enfant intérieur qui a besoin de sécurité et de stabilité.
Combien de fois j’ai refusé des relations, j’ai tout fait pour éviter de profiter de l’autre ou de faire croire, j’ai plongé en moi pour trouver la force du «non» pour ne pas être ambigu et surtout ne pas blesser et, malgré cela, je reçois encore des reproches et me fais comparer à des êtres ignobles de ce monde.
Coupable de trop de bonté
Alors qui suis-je pour eux? Voilà la question qu’il faut se poser… qui suis-je pour ces êtres qui ne veulent que prendre sans se préoccuper de mon bien-être? Pourquoi devrais-je toujours être celui qui use sa voiture et paie l’essence pour se déplacer aux quatre coins de la ville alors que les autres n’en feraient pas autant pour moi? Pourquoi lorsque je cherche à sortir avec les autres, ils ne sont jamais disponibles et moi je devrais toujours dire «oui» au risque de mettre en péril notre amitié?
Pourquoi suis-je celui capable de sacrifier mes occupations pour écouter l’autre me parler de ses aléas et tourments, ou répondre à d’innombrables messages pour tenter de racheter la paix, alors que l’autre n’hésiterait même pas à me bloquer?
Pourquoi avoir peur d’affirmer mes besoins et mes désirs alors que je dois toujours me mettre à l’écoute de ceux des autres? Il faut accepter, alors que nous apprenons à relativiser et à vouloir protéger notre espace, qu’une purge naturelle se mette en place.
Ce n’est pas toujours évident, cela implique certains deuils… mais à quoi bon essayer de garder en vie ce qui vous tue de l’intérieur? À quoi bon essayer d’être bon aux yeux de tous alors que vous êtes en train de pourrir de l’intérieur?
Coupable de se protéger
Dites-vous une chose, ceux et celles qui savent dire «non» dès le départ et qui n’acceptent pas n’importe quoi ne sont jamais coupables d’avoir gardé leur espace. Ils et elles sont perçus ainsi dès le départ et sont acceptés pour ce qu’ils et elles sont. Celui qui dit toujours «oui» et change ensuite son fusil d’épaule devient la victime des critiques et des jugements.
Alors, morale de l’histoire, apprenons à garder notre espace, à mettre nos limites, à refuser de tomber dans nos peurs infantiles d’abandon et de rejet. Ceux et celles qui vous aiment resteront, ils vous encourageront et comprendront. Les autres finiront par partir, mais ils ne vous auront jamais vraiment aimé… Ils n’auront que voulu tirer profit de cette relation.
Et vous? Êtes-vous gardien de votre espace et de votre temple intérieurs ou laissez-vous les autres dicter votre quotidien? Soyez vrais… soyez libres… même si aux yeux du monde vous devenez méchant. Sommes-nous méchants parce que nous apprenons à dire «non»? Vous ne l’êtes pas… vous êtes gardien de votre bien le plus précieux : l’unicité de votre être et la liberté de votre cœur!
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