Comme vous le savez, mon blogue s’inspire de mon quotidien, des événements et conversations qui viennent agrémenter mon parcours. Et bien, dans ce même sens, une conversation téléphonique avec un ami m’a beaucoup fait réfléchir ces derniers jours… 

Ce qui semblait s’annoncer comme une conversation banale où nous échangions des nouvelles et partagions notre réalité et nos défis, s’est avérée plutôt interpellant au moment où mon interlocuteur s’est exclamé : «Tu sais, Nicola, nous sommes tellement toujours concentrés sur le but à atteindre, l’idéal à vivre, etc., que nous oublions souvent de vivre le processus… de vivre le moment présent.»

Je m’émerveille toujours de voir comment la vie réussit à nous remettre des adages en plein visage, nous faire revoir une même réalité, nous plonger dans des conversations semblables, etc., alors que nous tentons de vivre une certaine réalité. C’est trop vrai… Notre idéal de vie, nos buts, nos rêves… ne sont-ils pas parfois un frein qui nous empêche de tout simplement vivre le processus?

Le moment présent… libre du passé!

Combien de fois, sommes-nous mobilisés par notre passé ou préoccupés par le futur… mais ô combien difficile de vivre le moment présent! J’aime rappeler que malgré mes écrits et mes réflexions, je suis tout autant en apprentissage. Je crois que nous ne cessons jamais d’apprendre tant et aussi longtemps que nous sommes ouverts à accueillir la nouveauté. 

Ayant cheminé pendant de nombreuses années, dans une forme de recherche psychospirituelle, il devenait inévitable de devoir, un jour, faire face à mes démons. Ne sommes-nous pas le construit de notre environnement? De notre passé? De nos blessures? De nos échecs autant que de nos réussites? J’avais compris que notre passé peut devenir une prison qui conditionne notre présent.

Il fallait alors prendre le taureau par les cornes et affronter ce qui m’empêchait d’être vraiment libre, d’être totalement conscient et consentant de mes réactions, mes mécanismes de défense, mes impulsions, mes peurs, etc. 

Et malgré tout ce bon travail… pouvons-nous vraiment dire que nous guérissons? Je crois plutôt que nous apprenons à vivre avec nos blessures. D’ailleurs, alors que j’écris ces lignes, dans mon quotidien, je me surprends parfois encore à plonger dans le passé, autant lointain que rapproché. 

C’est parfois bien banal. Je mange du popcorn et me rappelle une poutine que j’avais mangée il y a quelque temps… je bois mon latte et je pense au goût de celui de mon café préféré… je prends du soleil et je pense aux dernières conversations… Mais mon quotidien écope parfois de mon manque d’enracinement dans le moment présent. Mes repas, préparés avec amour, sont parfois bien vite l’histoire du passé alors que je mange pour engloutir et par empressement plutôt que pour en profiter et pour l’apprécier. 

Le moment présent… apprendre à perdre notre temps 

Et si vivre le moment présent signifiait accepter de perdre notre temps? De laisser s’envoler les événements d’hier, d’oublier les soucis de demain et de s’accrocher à l’instant qui nous est offert ici et maintenant. 

Pas évident pour nous qui avons été éduqués dans la perspective d’atteindre des buts, de maximiser notre temps, de penser et d’assurer notre futur. Mais quand avons-nous appris à nous arrêter… à regarder le soleil, la lune et les étoiles? Nous sommes trop souvent absents de notre propre processus, le regard fixé sur nos objectifs.

Je sais… je sais… Avoir des idéaux n’est pas un mal en soi. Il est juste d’avoir un idéal de vie, de se fixer des buts à atteindre, de rêver de meilleurs lendemains, etc. Mais, dans tout cela, l’équilibre est l’idéal à atteindre. Si les préoccupations pour notre futur nous plongent dans l’anxiété, l’empressement, l’oubli du présent, l’absence auprès des êtres qui sont chers, etc., alors nous devons probablement nous recentrer et accepter que dans notre parcours, il faille perdre du temps.

C’était un peu le sens de cette conversation dont je vous parlais. Cet ami m’avait parlé, dans le passé, de ce qu’il cherchait comme relation de couple. Au cours des différentes conversations sur ce sujet, il devenait clair qu’il fermait certaines portes ou refusait certaines avenues en raison de l’idéal qu’il s’était fixé… pourtant, au cours de sa recherche, une personne s’était présentée à lui… trop centré sur son fameux idéal… il laissait languir cette âme qui maintenant agrémente sa vie. 

Le moment présent… une boîte à surprise

Ne risquait-il pas de perdre cette magnifique opportunité faute de disponibilité à l’instant présent? J’ose affirmer que nous perdons de nombreuses opportunités, rencontres, conversations, etc., parce que nous sommes absents à cet instant qui se déploie devant nous. 

Ça me rappelle une photo de la Basilique Saint-Pierre. Cette photo était divisée en deux parties. Les deux images correspondaient à des foules présentes lors d’une audience papale. La première de 2005 et la deuxième de 2013. Vous savez quelle était la grande différence entre les deux photos? L’omniprésence des téléphones intelligents. 

En effet, sur la partie de 2013, les gens filmaient et prenaient des photos, les yeux rivés sur leur appareil alors qu’en 2005, les gens étaient tous simplement présents. Mais ont-ils vécu cette audience? Cette même réalité est manifeste dans les concerts aujourd’hui. Nous vivons le concert à travers l’écran de notre appareil… alors vivons-nous vraiment le concert? Pourquoi ne pas l’avoir tout simplement regardé en enregistrement? Et allons plus loin… prenons-nous vraiment le temps de regarder une vidéo filmée lors d’un concert? Alors, pourquoi ne pas simplement profiter du concert avec toute notre attention?

Cette image n’est-elle pas le reflet de mon texte? Au lieu de vivre l’instant avec toute la présence dont nous sommes capables, nous laissons des filtres, des écrans, des préoccupations nous envahir et nous couper des éventuelles surprises que nous réserve la vie. 

Au moment même où j’écris les dernières lignes de mon article, je suis chez le concessionnaire en attente de ma voiture qui avait un défaut de lumières. Levant la tête pour réfléchir à ma conclusion, voilà que je remarque que tous, à l’exception d’un seul homme, ont les yeux rivés sur leur cellulaire. Je me suis mis à sourire en pensant que cet homme avait quelque chose d’étrange… lol. Oui… étrange qu’il accueille ce temps d’attente comme un temps de repos pour ses pensées et ses yeux.

Je vais donc arrêter d’écrire et prendre le temps d’attendre moi aussi… comme lui, sans rien pour me distraire, mais tout simplement animé par le désir d’approfondir, moi aussi, ce que cet ami m’a partagé; apprendre à vivre le processus, l’apprécier, le valoriser… 

Oh! J’oubliais… je vous serais reconnaissant de partager mes articles… cela m’aide à accroître les lecteurs pour mon blogue. Mille fois merci de le faire et de me lire!