Avez-vous eu la chance de lire certains de mes derniers articles? Bien que la majorité écrits jusqu’à maintenant sont en anglais, j’ai pu vous partager certains particuliers de mon parcours ainsi que le cheminement intérieur provoqué par les épreuves et les remises en question.
Parmi les étapes difficiles de mon parcours, j’ai volontairement omis de parler d’une période bien spécifique. En fait, il y a eu ce moment en 2016 où j’ai vécu ma dépression. Jusqu’alors, je me sentais invincible, fort, capable, et j’oserais dire que j’avais une certaine, OK… j’avoue une grande, prétention. Du jour au lendemain, je me suis vu dans l’impossibilité d’aller de l’avant… je me suis retrouvé incapable de me relever d’une énième chute, devenue trop lourde pour tout mon être.
C’est comme si c’était hier, assis dans ma voiture, je conduisais à vive allure, mon côté italien a toujours pris le dessus au volant… Alors que je fixais le vide et que je conduisais sans trop porter attention à la route, j’étais absorbé par les derniers problèmes et les soucis qui en résultaient. C’était une épreuve de trop, j’en avais marre…
L’anxiété de vivre!
Et levant la tête pour m’assurer de suivre la route, j’ai vu non trop loin devant moi un mur de béton. Accélérant, je me suis dirigé à pleine vitesse vers le mur. Tout allait tellement vite, des pensées submergeaient mon esprit : «Quelle différence est-ce que ça va faire si je mets fin à ma vie? Cette vie n’est que souffrances, que tourments, que tristesses!» Et vlan! Dernière minute, j’ai donné un coup de volant évitant miraculeusement le mur de béton!
J’étais saisi, je tremblais… et je me demandais comment un prêtre catholique de 36 ans pouvait en venir à penser mettre fin à ses jours! Comment «un homme de Dieu» pouvait-il penser des choses si horribles? M’étant arrêté sur le bord de la route, j’ai appelé une amie. Je lui ai dit, ce que je ne pensais jamais dire à personne : «L… je vais me tuer! Je n’en peux plus! Tout est noir! Tout s’écroule!»
Je ne pouvais comprendre, à ce moment précis de ma vie, la portée des événements, mais je venais de faire face à un mur réel, pas seulement le mur de béton! La vie me plaçait maintenant devant mon incapacité psychologique à faire face à la jalousie et la critique de mes confrères prêtres en plus d’une incompatibilité caractérielle avec les autorités en place!
Pour la première fois de ma vie, je baissais les bras, je laissais les armes, je criais défaite! Tout était noir, tout était perdu! Je me retrouvais à 36 ans, ayant tout donné à une Église qui me décevait en raison des hommes qui la dirigent, n’ayant comme bagages que mes deux bacs en philo et théo et n’ayant jamais pu vivre ce à quoi j’avais toujours aspiré : me sentir aimé.
L’anxiété de mourir!
Il est très difficile de comprendre ce qu’une personne peut vivre lorsqu’elle se retrouve en dépression si nous ne l’avons jamais vécu. C’est comme si soudainement, les coups de pied dans le derrière et les formules toutes faites d’encouragement et de pensées magiques ne suffisent plus! Les paroles jadis réconfortantes d’un-e ami-e non plus de sens… le sommeil ne répare plus rien!
Et la dépression s’accompagne souvent d’anxiété… ô cette douce anxiété! Elle s’est manifestée de façon violente dans ma vie! Je pense avoir vécu de l’anxiété avant, mais j’étais incapable de la nommer! Je n’avais jamais fait sa connaissance de façon officielle… elle m’était inconnue, innommable!
Cependant, voir notre cerveau s’enchainer de mille pensées qui tourbillonnent dans notre tête et qui peuvent sembler banale lorsque cueillie une par une, mais qui pourtant, une fois liées sont une tornade dévastatrice, nous fait prendre conscience de la fragilité de l’équilibre mental!
Combien de fois, je me voyais pris avec l’anxiété au point où je sentais mon cœur se serrer dans ma gorge et que je pensais y laisser ma vie! J’étais prêt à mourir… mais pourquoi mourir alors que je n’avais que si peu vécu?
Apprivoiser l’anxiété
Incapable de vaincre l’anxiété malgré l’exercice quotidien, la thérapie, les produits bios et les soins personnels… je me suis rapidement rendu compte qu’elle disparaissait lorsque je ne pensais plus aux problèmes… Mais est-ce cela vivre? Faire fit des problèmes?
J’ai donc dû apprendre à l’apprivoiser… à l’aimer, à l’écouter, à la comprendre, à lui parler… à respirer! C’est dans la méditation et des exercices de respiration que j’ai réussi à me mettre à l’écoute et que j’ai compris qu’en fait, nous étions des alliés!
Cela peut sembler ridicule, mais l’anxiété est un mécanisme de défense que notre cerveau met en place pour nous aviser du danger. Le problème avec l’anxiété, c’est que les dangers ne sont pas toujours réels. Bien certainement, cela nous est utile lorsqu’un lion nous pourchasse dans la jungle, mais lorsque nous nous inquiétons de choses futures, passées ou inexistantes, c’est alors qu’il faut apprendre à la consoler.
Je n’ai pas de recette magique! En fait, ce que j’ai appris c’est qu’il faut se mettre à l’écoute, il faut évaluer et relativiser. Parfois, la meilleure solution est de banaliser le tout en prenant conscience que notre crise d’anxiété est purement issue de notre imaginaire. À d’autres moments, il faut savoir comprendre et visualiser les solutions. Et il y a ces moments où il ne nous reste que l’accueil et le pardon!
Vivre avec l’anxiété!
Maintenant que je la connais, je sais la nommer! Je sais la reconnaître et je trouve la façon de la calmer! Elle est ma compagne sur la route du quotidien, elle m’aide à me centrer sur mes besoins, sur mes limites, sur mes attentes et mes refus.
Bref, l’anxiété n’est plus mon ennemie qui menace ma paix intérieure. Elle est mon baromètre qui m’aide à protéger mon intégrité, ma santé et mon bonheur! Elle se présente pour me rappeler l’importance de la santé physique et financière, la nécessité de s’entourer de bonnes personnes et de reconnaître nos limites.
Elle me redit ce à quoi j’aspire vraiment! Elle me rappelle que tout est relatif et que le bonheur ne dépend de personne d’autre que moi! Je suis l’artificier de ma propre vie et je crée les possibilités d’un monde meilleur!
André Allen
January 19, 2023 3:56 pmAllo NIco,
Il faut que l’on se rencontre pour un lunch chez eggsqui ou Cora. J’ai le goût et besoin de te jaser et surtout de partager.
Quel beau et franc texte !
By Nico
P.s. fais ça vite….