Ma thyroïde, mon amie… Chaque fois que je m’apprête à écrire un article pour mon blogue, j’essaie toujours de trouver un sujet qui puisse intéresser mes lecteurs et lectrices, mais qui puisse aussi inspirer, aider, soutenir… ceux et celles qui vivent des situations et défis semblables. 

Alors que je cherchais donc le thème de cette semaine, je ne pouvais m’empêcher de penser à mon défi thyroïdien qui occupe mes journées, mes pensées, mes hormones et testostérones, etc. Vaut mieux en rire qu’en pleurer comme l’on dit si bien… mais je vous propose une réflexion à partir de ces défis du quotidien… 

En fait, celles et ceux qui me connaissent depuis longtemps savent comment, à l’adolescence, j’étais une boule d’énergie infatigable qui pouvait passer des nuits debout et qui gambadait de fête en fête… chez les moines, disons que les fêtes se sont transformées en travaux manuels de tout genre et en nuits sans sommeil pour lire et prier, etc. 

Je ne me posais jamais vraiment de questions sur ma santé… tout allait plutôt bien, à part les petits rhumes occasionnels et les indigestions poutinesques de ma tendre enfance… lol. Jusqu’au jour où soudainement, j’ai commencé à engraisser, à être très fatigué, à me sentir continuellement en lutte avec Morphée… 

Une thyroïde… c’est quoi ça?

Ma fatigue ne faisait qu’augmenter avec le temps… je me disais que c’était probablement du surmenage, qu’il devait y avoir une explication bien humaine, que j’avais besoin de repos, etc. Mais malgré les vacances, la plage, les rhums and coke et les heures interminables de sommeil, rien n’y faisait. 

Mon ami Google, me disait bien des choses et je commençai à imaginer le pire : tumeur au cerveau, tumeur aux reins, tu…. Meurs… etc. Bref, rien de rassurant. Quelques prises de sang, des échographies et scans à profusion plus tard, voilà qu’en 2015 on posa un diagnostic : hypothyroïdie. 

Hmmm. Hmmm. Quoi? WTF? Vraiment? Et oui, depuis des années, mes matinées sont désormais agrémentées d’une petite pilule que je prends pour activer ma thyroïde et pallier à son manque d’activité. Avant son arrivée dans ma vie, mon entourage riait avec moi de ma fameuse expression : «je suis épuisé»… pas fatigué… épuisé. Mais pour de nombreuses années, tout semblait plutôt se rétablir et aller de mieux en mieux.

La santé… un bien fragile… la thyroïde aussi

Voilà qu’après des années de Synthroïde, je m’étais habitué à vivre avec un tel médicament. C’était devenu normal… ou presque… mais j’avoue n’avoir jamais retrouvé mes énergies de jadis. Alors que je m’habituais donc à ce nouveau rythme, voilà que j’ai vécu un autre épisode inquiétant pour ma santé. Je vous épargne les détails… mais après de nombreux tests, me voici diagnostiqué à nouveau : un syndrome auto-immun qui me provoque désormais une fatigue chronique malgré les médicaments pour la thyroïde. 

Je vous avoue que cela me soulageait… je croyais encore une fois au pire… mais je dois désormais apprendre à vivre avec cette nouveauté plutôt désagréable et m’outiller afin de vivre le mieux possible : changement de diète, changement d’habitudes, etc.

Vous savez ce que je dois surtout changer? Mon désir de perfection, mon sens de l’autocritique et mes exigences envers moi-même… Oui, désormais je dois apprendre à vivre avec mes faiblesses… avec ma fatigue… avec mes limites. 

La thyroïde, la maladie, nos limites… 

Évidemment, j’aurais aimé que les choses soient autrement, que je puisse tout simplement changer de pilule ou trouver un soulagement autre… mais je me retrouve dans l’obligation de tout simplement accueillir et accepter. 

L’enfant atteint du syndrome de Tourette, l’autre qui souffre de myopie, ceux et celles qui souffrent de diabète… ne doivent-ils pas tous apprendre à vivre autrement? Alors, voilà… il faudra s’y faire.

C’est ce que la vie ne cesse de m’enseigner… nous pouvons vivre de peurs pour le futur, ou de ressentiments pour notre passé… mais c’est ainsi que nous gaspillons nos forces et nos efforts dans de l’impossible. Le futur ne peut être contrôlé et le passé est désormais hors de notre contrôle. Ce qui compte, c’est le présent… c’est le seul qui est encore à notre portée. 

Combien de livres j’ai lu sur le moment présent, sur les merveilles de l’abandon, etc., mais tout cela n’est que théorique, jusqu’au jour où vivre le moment présent devient une nécessité, un besoin vital, un mécanisme psychologique de survie.

La thyroïde… mon amie

Il faut donc se faire allié de nos faiblesses, apprendre à apprivoiser son ombre… c’est aussi ça… accepter que nous sommes différents, que nous sommes fragiles, que notre santé n’est plus ce qu’elle était… il faut laissé aller ce qui n’est plus pour vivre la réalité du moment présent. 

Le diabétique doit désormais renoncer aux sucres, le myope à sa vie sans lunettes, le bipolaire avec la médication qui peut l’aider à trouver l’équilibre, etc. Rien n’est parfait dans ce monde… rien n’est éternel… sauf notre façon de faire face à la nouveauté. 

Voilà… ma thyroïde est donc mon amie… elle m’oblige à changer mes habitudes, à calmer mes ardeurs, à voir la vie différemment et avec sagesse… elle m’oblige à prendre le temps, à écouter mon corps, à m’arrêter… 

Je préfère donc la remercier puisque le jeune homme qui vivait sans trop se préoccuper de sa propre personne devient désormais un homme qui apprend à mieux se connaître et se comprendre. Un homme qui sait désormais que des limites existent, qu’il faut ainsi apprendre à se protéger, à veiller sur notre bien-être et sur notre santé. 

Cet homme apprend aussi que le réel ennemi de ma thyroïde n’est pas les autres et leurs demandes ou leurs repas préparés, mais mon émotivité dans la façon de m’y approcher et de m’empiffrer…  

Cet homme apprend aussi que les autres et la maladie ne sont pas un obstacle ou un empêchement à vivre notre quotidien et à réaliser nos rêves… ils sont plutôt des éléments nous permettant de valider et de prendre conscience de nos objectifs et de nos rêves.

Et vous? Des limites, vous en avez? Et que vous ont-elles appris? Je suis curieux de vous lire et de vous entendre.