La consolation sans cause? Depuis mes dernières publications, j’ai reçu de nombreux messages en privés autant que de nombreux commentaires sur ma page Facebook. Je vous confirme que vos messages et commentaires ont rejoint ma vulnérabilité et ont été source de consolation.

Cela dit, j’ose vous partager une étape ultérieure de mon cheminement, une étape que j’oserais qualifier de laborieuse, mais tout de même joyeuse. Alors que plus rien n’allait et que je me posais des questions sur mon futur… j’ai vécu une consolation sans cause. Une quoi? Qu’est-ce que ça mange en hiver ça? Laissé moi essayer de vous illustrer le tout.

Récapitulons d’abord pour ceux et celles qui n’auraient pas lu mes dernières publications. J’ai été moine de 1998 à 2008 et ensuite prêtre catholique de 2011 à 2019. J’ai vécu une dépression en 2016, accompagnée de pensées suicidaires et d’une tentative. À cette même époque, j’ai vécu des crises d’anxiété carabinées et bien que le tout soit maintenant maîtrisé, je cohabite avec l’anxiété au quotidien.

La consolation… fruit du discernement!

Alors que j’étais encore prêtre, je me questionnais sur mon avenir et sur les possibilités de quitter le sacerdoce. Quoi faire de ma vie alors que mes études limitaient les options? Comment bâtir mon avenir en dehors du cadre si strict dans lequel j’avais jusqu’alors cheminé? Les doutes et les questionnements étaient si nombreux que j’ai décidé d’aller vivre la retraite de discernement ignatien.

Cette retraite pensée originalement dans une formule de 30 jours vécus dans le silence total est aujourd’hui offerte de différentes façons. En fait, vous pouvez tout aussi bien aller vivre les 30 jours, ou opter pour d’autres modalités. Dans mon cas, je l’ai vécu en plusieurs retraites de quelques jours, guidé par un prêtre que j’admirais de tout mon cœur, le P. Jean-Guy Saint-Arnaud, maître du discernement ignatien. Je précise qu’il est décédé la semaine passée et je lui rends donc hommage d’une certaine façon.

Les dernières étapes de cette retraite étaient ardues. Je devais me présenter devant le Seigneur dans la prière en portant cette unique question : dois-je quitter le sacerdoce? Il fallait peser les «pours» et les «contres» et déposer le tout devant Dieu comme une offrande. Le P. Jean-Guy ne cessait de me dire qu’il fallait attendre la consolation sans cause. What the fuck?

Je me présentais inlassablement, jour après jour, sans ressentir rien du tout. Je commençais vraiment à trouver le tout difficile et à m’impatienter devant l’inaction de l’Esprit qui devait guider mes pas. Voilà qu’à la fin de l’avant-dernière journée, après une énième séance de prière, mon impatience a pris le dessus et les mots se sont enchaînés comme une tempête de colère envers ce Dieu invisible et insaisissable : «Fuck you Seigneur. J’en ai marre! C’est pour toi que je m’emmerde depuis des jours. Je suis ici comme un con à prier des heures de fou. J’ai mal aux genoux, au dos, et tu me casses les couilles avec ton silence. Fuck you! C’est fini.»

La consolation sans attente…

Avec la même véhémence avec laquelle j’avais prononcé ses mots sous-voix, je me suis dirigé hors de la chapelle. J’étais comme en crise de rébellion profonde. Je devais faire quelque chose de concret pour prouver ma colère. Frapper un mur? J’en étais incapable! Claquer une porte, je me serais fondu de honte entre la peinture et le mur! Alors quoi?

Voilà que je me suis dirigé dans la cuisine des jésuites. Voilà, j’y suis entré sans permission et sans même me préoccuper des règles. Je voulais manger et boire. Je voulais voler. Je ne l’avais jamais fait. Mais, voler, dans un couvent, n’était-ce pas le comble de l’offense? J’ai donc pris une barre tendre et une eau pétillante et sans scrupules, je me suis dirigé vers ma chambre.

J’ai alors fermé la porte, j’ai glissé le fauteuil près du bureau, en me faisant glisser tranquillement sur le bas du fauteuil, j’ai posé mes pieds sur le bureau en me disant : «tiens toi, je m’en fous.» J’ai alors déballé la barre tendre et ouvert la canette. En prenant ma première bouchée, j’ai été envahie d’un mouvement intérieur que je n’avais jamais expérimenté jusqu’alors… une paix profonde, comme une main aimante qui caressait mon cœur et qui me disait : «Nicola, mon cher Nicola… c’est toi, et toi seul, qui ne te donnes pas le droit d’être heureux!»

La consolation alors que tout semblait perdu

Les larmes coulaient sur mes joues. Je sentais une telle chaleur m’envahir. La barre tendre avait un goût sublime alors que l’eau pétillante semblait abreuver mon âme. Tout changeait… je comprenais que Dieu n’était pas là comme un juge sévère qui m’empêchait de vivre, mais comme un veilleur qui s’assure de mon bonheur.

Cette expérience, je la porte encore. J’y pense souvent. Je me rends compte que la vie me place parfois devant des situations où la patience est requise… où le lâcher-prise est à l’honneur. Pas facile alors que mon anxiété et mes peurs voudraient tout contrôler. Mais combien rassurant lorsque les fruits se font trouver!

Ce serait facile pour vous de penser que cette expérience est unique et ne peut être reproduite. Je vous assure toutefois qu’elle se reproduit aisément dans la vie de bien des gens que je connais qui acceptent de ne plus attendre, ou de ne plus contrôler.

Dernièrement, j’en ai encore eu la preuve. Depuis un certain temps, j’avais décidé de ne plus trop fréquenter certains endroits, j’avais supprimé mes profils sur des applications de rencontre. Je ne trouvais pas ce que je cherchais… en fait, je crois même que je ne savais pas réellement ce que je cherchais.

Voilà qu’après avoir renoncé à tous ces médiums, je passais de nombreuses soirées en solitaire. Je me retrouvais moine malgré moi! Je me surprenais parfois à pleurer ma solitude et à quémander les compliments pour des photos de moi sur Facebook et Instagram. J’attendais l’amour sans ne plus chercher… j’attendais la consolation sans cause… celle qui apparait alors que tout semble perdu.

Cette consolation porte désormais un nom… elle se fait concrète dans ma vie. Alors que j’étais prêt à renoncer à mes attentes, à mes critères, à mes convictions, à mes principes… la vie m’a offert cette consolation tant attendue.

Alors, ne cessez pas de croire ce que dit si bien Paolo Coelho : «Quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir.» Il suffit d’y croire et de cesser de tout vouloir contrôler et se mettre à l’écoute afin que Dieu, la vie, les astres,  les arbres, l’univers… puissent placer les cartes et déployer devant nous le tapis rouge qui mène vers nos rêves.