Avez-vous déjà expérimenté un désir profond de liberté? Combien de fois, alors que j’étais adolescent, je me surprenais à exprimer ce désir et à en faire une sorte de devise. Je ne vivais que pour atteindre cette liberté… que pour la vivre.

À cette même période, dans les moments de crise envers ma mère, j’osais parfois crier ma douleur de me sentir emprisonné et que je ferais à ma guise une fois l’âge de la majorité atteint. Pourtant, à peine ai-je eu 18 ans, je me suis retrouvé dans un monastère à ne pas contrôler mes allés et venus et ne pouvant sortir que pour des motifs de communauté.

Et ce jeune adolescent que j’étais qui se promenait avec son long manteau de cuir à la Jimi Hendrix et qui écoutait sans cesse de la musique des années soixante tout en écrivant son cœur sur des cahiers lignés, ne cherchait-il pourtant pas son émancipation?

Mais comment pouvais-je passer des joints au monastère? De l’excentrisme au conservatisme? De la poésie au classicisme? De la liberté à la prison? Qu’est-ce que je cherchais vraiment?

L’authenticité… passe par la recherche de la liberté?

Je ne voudrais pas m’attribuer des mérites… je suis entré au monastère bien naïvement et pour bien des motivations que je me cachais à moi-même! Je n’étais pas le sage que je croyais être qui à coup de poésie et de lancées philosophiques avait découvert la vérité et s’était dévouée à cette cause.

Je crois que j’étais plutôt déçu de la vie! Oui, désillusionner de ce que pouvait m’offrir les apparats de la liberté. Je croyais naïvement qu’être libre voulait dire faire à ma guise… mais dans cette perspective, tout devenait un obstacle.

En effet, comment être libre et faire ce que je veux si je dois travailler? Avoir des responsabilités? Tenir une maison? Payer mes avoirs? Je pensais que la voie du renoncement à tout me donnerait cette liberté tant désirée… mais je me trompais.

En fait, je me suis plutôt rapidement rendu compte que la liberté «physique» de faire tout ce que je voulais ne pouvait venir sans la liberté financière et cette liberté financière ne pouvait s’actualiser sans devoir d’abord construire mon avenir. Est-ce alors l’amour qui rend libre? Et pourtant ne sommes-nous pas alors contraints de nous engager envers l’être aimé?

Bref, plus je cherchais la liberté, plus je me rendais compte qu’elle ne pouvait s’actualiser sans les nombreuses contraintes qui l’accompagnent. Mais n’est-ce pas contradictoire? La liberté est en fait une prison? Jean-Paul Sartre avait-il raison alors qu’il disait que l’enfer ce sont les autres? Que la vraie liberté, le vrai bonheur n’existe que lorsque nous sommes seuls?

L’authenticité ou la liberté?

Au fil du temps, j’ai continué à me questionner… à chercher… à rêver… et je me suis mis à actualiser une forme de liberté que je croyais primordiale : devenir moi-même! Alors que je ne vivais que dans le regard des autres, j’ai commencé à cheminer et à travailler sur moi-même afin de devenir de plus en plus intègre.

Mon but? Devenir de plus en plus authentique! Je voulais cesser de plaire… ou plutôt cesser de chercher à plaire! Je voulais être moi! Sans détours, sans artifices… simplement moi!

J’ai commencé par un refus catégorique de mentir. Étrangement, je trouvais cela difficile. Je m’efforçais au quotidien de ne plus dire de mensonges. Même les pieux mensonges ne devaient plus faire partie de mon quotidien… mais combien de fois que j’échouais dans mes bonnes intentions!

Ensuite, j’ai pris la décision de ne plus essayer de devenir ce que les autres attendaient de moi, mais d’être moi… au risque de déplaire. Encore ici, mes désirs profonds d’être aimé et accepté me poussaient souvent à céder à mes faiblesses de vouloir plaire à tout coup en renonçant à mes vraies couleurs.

L’authenticité en vaut-elle le coût?

Ce cheminement s’est réalisé sur des années et je cherche encore à être toujours plus authentique et vrai! Mais cela ne se fait pas sans douleur! Il faut parfois savoir tourner des pages et renoncer à ce qui ne nous sert plus.

Dans ce sens, j’ai peu à peu cultivé mon propre jardin intérieur, ne voulant pas céder à la pression de devenir un produit du monde! J’ai quitté la prêtrise pour être vrai! J’ai mis fin à des relations qui ne me servaient plus! J’ai choisi de m’assumer au-delà des risques de rejet! J’ai accepté d’être moi! Combien de fois j’ai pensé retourner en arrière, revenir dans le confort des apparences et des semblants.

Mais, malgré tout ce que peuvent représenter les défis et les renoncements, je commence tranquillement à comprendre que ma quête de liberté qui s’était mutée en quête d’authenticité finit par me ramener au point de départ.

Qu’est-ce que j’essaie de dire? Et bien, je pense que plus nous apprenons à être nous-mêmes et plus nous devenons libres! Oui, libre de vivre de vraies relations basées sur la vérité de notre être! Libre de vivre de nos vraies aspirations et de nos réels intérêts puisque nous n’avons plus peur de la différence.

L’authenticité… la plus grande des libertés

Et alors que toute ma vie je cherchais une liberté extérieure à moi, je me rends soudainement compte que la plus grande des libertés se trouve dans la vérité de notre être et de nos rencontres.

Lorsque nous agissons pour plaire, nous devenons prisonniers de nos rôles… nous n’avons plus de répit. Nous devons continuellement garder cette attitude au péril de nuire ou changer nos relations. Nous devenons prisonniers du regard de l’autre et de ses attentes. N’est-ce pas là l’enfer que sont les autres?

Dans l’authenticité de notre être s’établit la vérité au premier regard! Et tout commence ici… par le regard! L’histoire d’Adam et Ève, qu’on y croit ou pas, est une métaphore importante de ce que j’essaie d’expliquer.

Les deux vivaient dans le paradis terrestre! Quel fut le plus grand drame d’Adam et Ève selon vous? D’avoir mangé la pomme? Non… celui de s’être cachés! Dans leur nudité, ils étaient vrais l’un envers l’autre, mais après avoir mangé de l’arbre de la connaissance, ils ont senti le besoin de se cacher… de se couvrir… de mentir!

Pourquoi? Parce qu’ils n’étaient plus capables d’être vrais… désormais, ils se voyaient à travers le regard de l’autre et étaient devenus prisonniers du regard de l’autre! Bref, ils avaient déjà perdu le paradis avant même d’être chassés par Dieu.

Morale de l’histoire? Mieux vaut chercher la vérité et l’authenticité. C’est la voie qui mène infailliblement vers la liberté… le paradis! Le contraire ne peut que nous mener vers la plus grande des prisons intérieures.

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