Le titre semble évoquer quelque chose de bien triste… en fait, c’est probablement vrai! Il y a en chacun de nous des souffrances et des traumatismes que nous aimerions parfois oublier et peut-être même effacer. Ces derniers peuvent nous hanter et même revenir dans nos rêves… mais ils sont aussi des éléments constitutifs de ce que nous devenons.
Il y a des années, alors que je m’apprêtais à aller en thérapie pour la première fois, j’ai dû faire face à une peur profonde : ouvrir une canne de verres désormais bien fermée et scellée. Évidemment, cette peur ne m’a pas empêché de faire face à la chanson… je me suis armé de courage et j’ai entamé un processus important.
Il faut dire que je reconnaissais quelque chose de fondamental : je répétais des patterns malsains, je permettais aux autres de m’écraser, je sombrais dans une mélancolie profonde et je ne cessais d’être mon plus grand ennemi… j’étais la montagne infranchissable, l’artisan de mon propre malheur.
Mes rêves en noir et blanc
Je devais donc m’armer de courage afin d’aller revisiter les moments difficiles de mon parcours, les blessures d’enfance, les traumatismes et les conséquences néfastes de toutes ces épreuves sur mon présent. J’étais conscient que la thérapie m’emmenait, malgré moi, dans une introspection qui allait me centrer sur moi…
Mais, au-delà de l’égocentrisme temporaire, je devais parcourir à nouveau les branle-bats de combats des étapes importantes de mon existence pour mieux comprendre les incidences sur mon présent… je devais accepter de me remettre en question pour désormais cesser de m’autodétruire.
Ce parcours m’a enseigné quelque chose de fondamental : nos blessures ont le pouvoir de nous anéantir ou de devenir un levier pour nous rendre capables de plus…
Loin de moi de vouloir vous cacher qu’au début, j’étais dans un repli malsain sur moi-même. J’avais trop longtemps mis de côté mon égo pour me donner sans trop réfléchir et sans me préserver et, alors que j’enlevais tranquillement les bandages de fortune sur mes blessures béantes, je me complaisais soudainement à pleurer mon sort.
Oh pauvre de moi! Comment vais-je survivre et comment réussir dans la vie alors que je porte en moi de telles souffrances? Bon… j’exagère à peine… mais c’était presque le style de cri que je portais dans mon for intérieur.
Mes rêves en couleur
Ce fut après un certain temps que je réalisai que la vie était malheureusement ainsi… comme un cycle infini de victimes qui font des victimes à leur tour. L’enfant battu, peut finir par battre, l’enfant abusé peut devenir abuseur, l’enfant malaimé peut ne jamais savoir aimer, etc.
Mais qui pourrait mettre fin à cette misère humaine? Qui pourrait mettre un terme aux cycles d’abus? Qui peut protéger des millions d’enfants victimes? MOI! TOI! NOUS! En fait, nous n’arriverons certainement jamais à éradiquer le mal sur la terre, mais nous pouvons certainement mettre fin à des cycles qui polluent notre vie.
Et comme ça… juste de même… après des années de victimisation inconsciente et consciente… après des millions de justifications insensées… après des échecs où, en réalité, je n’étais que le seul artisan… j’ai décidé d’arrêter la roue et mettre un stop à ce cycle toxique.
Je ne suis pas ma famille! Je ne suis pas mes blessures! Je ne suis pas mon vécu! Ces derniers font partie de moi comme des vestiges et des traces d’un passé difficile, mais ils n’ont aucune force autre que celle que je leur attribue. Ils peuvent me détruire si je les laisse faire ou devenir un levier me permettant d’être plus fort si je sais les canaliser.
Et alors, voilà! Je pourrais facilement m’apitoyer sur mon sort et rêver en noir et blanc tout en passant mes années à pleurer ma vie et mes déboires… mais je choisis de rêver en couleur et de croire que tout cela m’a rendu plus fort et m’a préparé à l’unique pèlerinage digne de ce nom : celui de traverser la montagne érigée par ma pensée.
Mes rêves de victoire
Oui… une montagne invisible, mais qui peut facilement mobiliser ma vie si je refuse d’admettre qu’elle n’a que son origine dans mon imagination. Jésus lui-même l’avait dit : «Amen, je vous le dis : si un homme qui ne doute pas dans son cœur dit à cette montagne : ‘Enlève-toi de là et va te jeter dans la mer’, s’il croit vraiment que ce qu’il dit va arriver, alors cela lui sera accordé ! C’est pourquoi je vous le dis… croyez que vous l’avez reçu, et cela vous sera accordé.» (MC 11, 23-24)
Certains me diront que c’est de la pensée magique… que tout cela est de la foutaise… mais j’ose croire que tout cela est vrai et possible. Oui, de quelle montagne s’agit-il? Quelle foi? À qui s’adresse ce message? Aux chrétiens seulement?
Non, je crois que ce message s’adresse à tous ceux et celles qui osent croire en cette force innommable qui existe en chacun et chacune de nous. Combien de montagnes j’ai traversées alors que je me retrouvais devant rien et devant l’inconnu et l’obscurité la plus complète! Alors que je refusais de baisser les bras, un chemin se frayait devant moi et les pions se plaçaient pour assurer ma réussite.
Je devais sortir de ma tête… ou mieux dis, parcourir le chemin intérieur qui mène de la tête au cœur pour y trouver la certitude qui n’est pas logique. N’est-ce pas ça la foi? Croire ce que dicte notre cœur au-delà de la raison qui tue nos rêves?
À force d’écouter ma tête, j’aurais abandonné mes rêves… je me serais replié sur moi-même pour pleurer mon sort… j’aurais justifié mes échecs encore et encore… Mais, j’ai choisi de descendre dans mon cœur… là où l’enfant en moi est encore innocent et où il croit encore que je suis un vétéran invincible de la guerre des cycles toxiques et infernaux… que les montagnes se déplacent maintenant à coup de jurons et que je choisis chaque jour d’y croire encore.
Ceux et celles qui m’entourent ne cessent de dire que je suis chanceux… que je suis gâté… J’aimerais vous le dire et l’imprimer en grosse lettre dans votre cœur : je ne suis chanceux que parce que je crois que je suis l’artisan de mon bonheur.
«Aide-toi et le ciel t’aidera!» Ça vous dit quelque chose? Je le crois… trace ton chemin… crois dans ton cœur que c’est ta destinée… et tout se mettra en place pour que tu y arrives.
Je rêve donc en couleur… sachant que mes cicatrices ne font qu’embellir mon parcours et l’enrichissent d’une expérience me rendant capable de plus et d’être moi-même…
Je suis un poqué qui apparaît dans votre vie à coup de mots… Ces mots qui semblent vous encourager et vous donner de la vie ne sont pas magiques… ils jaillissent de ma propre souffrance que je vous livre hebdomadairement parce que je sais que j’ai toujours eu le choix de les enterrer pour me livrer à la mort ou de les livrer avec candeur et donner la vie!
Et des montagnes, vous en avez à traverser? Vous êtes inscrit à mon blogue? Cliquez ici
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