Et si tu étais Dieu? Si le Dieu que tu cherchais était en réalité à l’intérieur de toi? Bien que la réalité de Dieu demeure un mystère pour nombreuses personnes, nous avons tous et toutes une certaine curiosité, un certain questionnement. Ne sommes-nous pas tous et toutes des êtres en recherche?
Encore aujourd’hui, alors que de nombreuses personnes vont adhérer à de nouvelles formes de spiritualité, d’autres vont se retourner vers les religions traditionnelles. D’autres encore vont se poser mille questions alors que plusieurs vont faire taire les questionnements. Peu importe où vous vous situez par rapport à la question, Dieu restera toujours un sujet d’actualité. Et vous? qu’en pensez-vous?
Si vous me lisez déjà depuis longtemps vous devez savoir que je suis un être profondément spirituel et que mon parcours m’a emmené à compléter deux Bacs : un en philosophie et un en théologie. Alors que j’étais encore prêtre, du haut de ma chair, j’aimais provoquer la réflexion. Je me donnais quelquefois en exemple, soulignant mes travers, mes défauts et mes questionnements. N’est-ce pas ce que je continue de faire ici?
C’est d’ailleurs depuis cet endroit privilégié que j’ai une fois osé affirmer ce qui suit : «J’ai eu la chance de compléter deux bacs universitaires. J’ai étudié dans une prestigieuse université romaine et pontificale, j’ai côtoyé les prélats de ce monde et les théologiens de ce siècle. J’ai appris le catéchisme, les dogmes, les Saintes Écritures… mais malgré tout cela, j’ai le regret de vous annoncer que je ne connais pas Dieu!»
Il ne connaît pas Dieu?
N’est-ce pas paradoxal pour un prêtre d’affirmer ne pas connaître Dieu? Et pourtant, j’ose affirmer que malheureusement aucun chef religieux de ce monde ne connaît réellement Dieu. En fait, je pense plutôt que Dieu n’entre pas dans aucune de nos boîtes, de nos conceptions, comme il ne peut être décrit par nos dogmes et nos convictions.
Après avoir quitté le sacerdoce depuis déjà quelques années, je me questionne encore. Suis-je Dieu? Es-tu Dieu? Qui est Dieu? Où est Dieu? J’avoue ne pas avoir de réponse. Je crois sincèrement que je n’en aurai jamais. Pourquoi? Parce que Dieu est insaisissable, il échappe à la logique humaine.
Grâce à mon parcours religieux, j’ai eu la chance de voyager et de fréquenter des lieux saints… et malgré l’extase du moment vécu, j’ai toujours connu la même déception face aux hommes et femmes qui s’y trouvaient tout en étant témoin de nombreuses contradictions au sein des différentes religions.
D’ailleurs, il suffit de confesser dans un monastère de «saints moines ou de saintes moniales» aux yeux du monde pour comprendre que ce n’est pas tout ce qui luit qui est de l’or. Cela ne fait pas de ces personnes des démons… mais plutôt des humains avec des désirs honnêtes qui se perdent souvent dans de pauvres considérations mondaines et humaines.
En fait, le même phénomène, je l’ai observé chez mes propres paroissiens et paroissiennes. Un prêtre un jour avait osé affirmer que les pires ennemis d’un curé sont ceux et celles qui fréquentent assidûment la messe. Je ne peux que confirmer cette triste affirmation. Pourquoi?
En fait, je pense que la passivité de la religion et l’attente passive de l’action de Dieu qui se fait tout-puissant dans nos vies ont généré des croyants invertébrés qui ne font pas un travail réel sur eux-mêmes, mais se perdent dans des pratiques pour attirer sa bienveillance.
Dieu dans ma prière ou mes actions?
Et alors, faut-il prier ou faut-il agir? Plusieurs vont contester mes écrits en affirmant qu’il faut prier pour avoir la force des bonnes actions. D’autres vont me dire qu’il faut agir avant tout et prier de façon plus modérée… Je crois plutôt que l’essentiel est d’être.
Saint Augustin avait lui-même affirmé qu’il cherchait Dieu partout à l’extérieur et que tout ce temps, Dieu se cachait à l’intérieur de lui-même. Mais n’est-ce pas difficile de s’arrêter pour prendre le temps de cheminer vers l’intérieur? N’est-ce pas difficile d’accepter que nous n’ayons pas toutes les réponses et qu’il faille plutôt apprivoiser le doute?
Trop de croyants vont rester dans leur tête. Dans des accomplissements extérieurs, des ablutions, des lavements de pieds, des chapelets en répétition et ne feront jamais le seul et unique pèlerinage nécessaire : passer de la tête au cœur.
Dieu restera donc pour eux un perpétuel interventionniste qu’ils vont attendre à coup de «Notre Père». Sans trop s’en rendre compte, ces gens perpétuent l’idée du Dieu de la rétribution qui donne aux bons et punit les mauvais. Malgré eux, ces personnes véhiculent l’image d’une justice purement humaine pour apaiser leur propre soif de vengeance.
Et s’il fallait être?
Je le redis donc : «je ne connais pas Dieu.» Non, je ne connais pas Dieu puisque je le redécouvre tous les jours dans chaque personne rencontrée. Je ne connais pas Dieu puisque je le découvre tous les jours, de façon différente, dans mon espace de méditation. Je ne connais pas Dieu, puisque tous les enseignements humains n’ont fait que déformer celui qui est indicible.
Tout ce que je peux affirmer, c’est que je ne crois plus au même Dieu de jadis. Je m’efforce plutôt de guérir en moi les blessures qui conditionnent ma vision de Dieu, je m’efforce de cheminer vers l’accomplissement de mes rêves et l’actualisation de la meilleure version possible de moi-même. Je m’efforce de pardonner et de trouver la source de toute justice dans la compassion et l’empathie.
Je crois que si nous devons redonner une noble place à Dieu, c’est d’abord en devenant des êtres transformés de l’intérieur qui rayonnent et qui sont amour.
Les preuves ont été faites… notre planète se meurt, nous avons été témoins de nombreux cataclysmes, de virus interminables, de guerres infâmes, etc. Et quand est-ce que Dieu est intervenu? Où était Dieu alors que le Covid emportait nos êtres chers?
Il était là dans le cœur des passifs et de ceux et celles qui se sont dévoués pour sauver le monde! Il était là dans le cœur de ces gens qui changeaient de chaîne à la télé pour ne plus entendre parler de guerre et dans le cœur de ces personnes qui militaient pour la liberté de ne plus porter le voile. Il était tout aussi présent dans le cœur de celui qui jette sans recycler, comme de celle qui pratique le «zéro déchets». Il est dans le cœur du chrétien, comme du bouddhiste, du musulman, du réincartionniste, etc.
En fait, Dieu était là… dans le cœur des bons comme des méchants. Il était là dans ton cœur comme dans le mien. Et si nous étions Dieu? Ne pourrions-nous pas changer le monde?
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