Avant d’entamer le sujet principal, je tiens à remercier mes lecteurs qui ont partagé mon dernier article et qui ont commenté ou m’ont envoyé des messages en privé pour me partager leur propre expérience ou encore m’offrir leur soutien.

Je tiens à vous rassurer… la dépression et les idées noires sont chose du passé. Cela dit, il est certain que j’ai dû apprendre à vivre avec l’anxiété qui a surgi dans ma vie comme une éruption volcanique plutôt violente et qui, désormais, se permet des coulées de lave bien petites ici et là. Mais, ce que j’ai dû apprendre au-delà de l’anxiété c’était la nécessité de m’aimer.

Comme j’ai pu le mentionner dans mon dernier article, l’anxiété n’est qu’une manifestation de quelque chose de plus profond. Elle nous oblige à nous mettre à l’écoute, à nous questionner, à nous positionner face aux dangers, etc. Toutefois, si elle surgit c’est aussi et trop souvent parce que nous peinons à écouter les signaux qu’elle nous envoie et qui nous rappellent l’importance de protéger notre temple sacré.

S’aimer malgré la peur de tout perdre

Avant les événements de 2016, je peinais à «écouter mon corps». Combien de fois, je me rendais, empreint de fatigue, à des réunions, je me mettais à l’écoute des gens qui avaient besoin de parler alors que les tâches s’accumulaient sur mon bureau de travail, je réduisais mes heures de sommeil pour répondre aux nombreuses demandes de mon entourage, je sentais le besoin de performer pour plaire, etc.

C’était bien… j’étais le «bon gars», mais en dessous de cette image, se cachait plutôt l’âme inquiète d’un enfant blessé qui agissait par peur! Oui, bien certainement, rien n’est blanc et noir dans la vie… il y a plus que souvent des zones grises. J’agissais aussi en fonction d’un désir d’aider les autres, mais la peur dominait mes relations.

La peur du rejet, peur de l’abandon, peur du mépris, peur de déplaire, etc. J’ai travaillé longtemps sur ces peurs… j’en ai cherché la cause, j’ai été chercher de l’aide, etc. Je voulais absolument être capable de me libérer de la peur et de vivre à l’insigne de la liberté intérieure. J’ai éventuellement compris que toutes ces peurs prenaient racine dans des blessures profondes qui avaient entaché mon amour propre.

Ne pas mettre de limites, ne pas imposer le respect, ne pas exprimer nos besoins… sont tous des symptômes d’un mal beaucoup plus grand : le manque d’amour propre. Si vous en avez l’opportunité, je vous invite à consulter pour aller visiter les blessures sous-jacentes, mais autrement, je vous invite simplement à vous mettre à l’écoute de cette anxiété qui jaillit comme une cloche d’alarme qui vient nous mettre en garde contre les éléments qui mettent en péril votre santé.

S’aimer au quotidien

Vous connaissez certainement la fameuse expression : «L’enfer est pavé de bonnes intentions.» Elle nous rappelle l’importance de gestes concrets plutôt que de simplement se perdre dans des résolutions sans lendemains ou de vœux pieux. D’ailleurs, si vous allez en thérapie, une des premières suggestions des thérapeutes est de vous assurer de bien dormir, de faire de l’exercice, de bien manger et de vous mettre à l’écoute de vos besoins et de vos limites.

Et pourtant, lorsque le quotidien prend le dessus sur nos intentions, une des premières réalités à prendre le bord est bien celle de notre équilibre psychocorporel. Pas le temps d’aller s’entraîner, pas le temps de préparer un bon repas, pas le temps de bien dormir, pas le temps de méditer, etc.

Mais quels sont les freins réels? Pourquoi nos intentions ne se concrétisent pas? Quelles sont les peurs sous-jacentes? Que peut-il y avoir de plus important que notre propre santé?

S’aimer en premier

Prendre soin des autres est de l’ordre de l’amour et de la charité, mais si cela se concrétise au détriment de notre propre personne, il en va de notre propre équilibre et de notre propre santé. Et pourtant, combien nous sommes bons à entretenir la culpabilité et les «j’aurais dû»!

S’aimer en premier veut dire être capable de s’arrêter, de prendre du recul, de se positionner en fonction de nos forces, de nos capacités, de nos limites. S’aimer veut dire être capable de dire non alors que nos peurs et nos inquiétudes envahissent notre esprit. S’aimer veut dire se choisir même au risque de perdre l’estime et le respect de l’autre.

Oh… certains vont dire que le risque d’un tel amour est de l’ordre de l’égoïsme… je pense plutôt qu’il est de l’ordre du réalisme. Comment aimer réellement les autres alors que nous ne nous aimons pas vraiment. Même Jésus le disait si bien : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même!» (Mc 12, 31). Et comment aimer comme soi-même si notre amour propre est défaillant ou inexistant?

Selon ce raisonnement, vous saisirez que l’amour propre est la source de l’amour sincère et véritable envers les autres. En fait, je suis convaincu que lorsque vous apprenez à vous aimer dans vos forces et vos faiblesses, vous devenez capables de mieux comprendre l’autre dans ses forces et ses faiblesses et votre amour devient concret et sincère.

S’aimer, la porte de l’amour véritable

Personnellement, apprendre à m’aimer, à m’accueillir, à m’accepter, etc. voulait dire cheminer à contre-courant des valeurs qui m’ont été inculquées en religion. Cela peut sembler banal, mais je devais réussir à me libérer des carcans imposés pour vivre en accord avec mes valeurs et mes convictions nouvelles. Les notions de sacrifice et de renoncement à soi-même ne me servaient plus!

Au bout d’un cheminement sur plusieurs années, je peux dire et confirmer que ça vaut la peine d’apprendre à s’aimer soi-même et de renoncer à ce qui ne nous convient plus. En fait, ça vaut la peine de passer par la peur de tout perdre, pour mieux se retrouver…

Une fois que l’amour propre est au rendez-vous, des opportunités nouvelles se présentent, de nouvelles perspectives s’ouvrent à nous. Nous sommes surpris de constater que d’anciens patterns prennent fin, l’anxiété diminue, etc. Tout cela en raison du fait que nous sommes à l’écoute de notre être profond.

Certaines personnes disparaîtront et nous accuserons d’avoir changé. Certaines autres apparaîtront et seront conformes à nos nouvelles valeurs… mais tout cela pour notre plus grand bien.

J’ai longtemps pleuré l’absence de mes anciens amis, le silence d’une partie de ma famille, la solitude qui en était une conséquence, etc. Malgré tout, en cheminant dans la découverte de l’amour propre, j’ai appris à m’ouvrir aux justes occasions. J’ai appris à découvrir la beauté du monde qui m’entoure, l’air frais de la campagne et le bon vin en bonne compagnie.

L’anxiété existe toujours, mais elle a maintenant une place bien rangée. Elle me rappelle l’importance de ne pas retourner en arrière et de croire que le meilleur est à venir… elle me rappelle que si je m’éloigne de l’amour propre, je finis par me perdre dans les attentes et les besoins des autres.

Et l’amour propre qui est nouveau dans ma vie porte déjà de nombreux fruits… Alors que je ne savais qu’en concept ce que veut dire le mot «amour», je peux maintenant accueillir l’amour de l’autre et aimer l’autre avec vérité, authenticité et réciprocité… à suivre pour le reste de cette histoire.