Lorsque ça ne me tente pas…
Je viens de me connecter au wifi dans un point d’arrêt sur notre chemin du retour vers Athènes et j’ai réalisé qu’une semaine de pluie m’attend. Aujourd’hui, la nostalgie s’est emparée de mon âme… le soleil intense et si envoutant, les nuages si blancs et à l’aspect confortable, le ciel d’un bleu si doux et si invitant… Bref, je me rappelle ce qu’un professeur de philosophie m’avait dit lors de mes études à Rome : «le ciel grec et la température favorisaient la philosophie!» Aucun doute… comme la température que nous avons au Québec favorise souvent la mélancolie et la tristesse, et sans être sarcastique… des déluges!
Mais ce n’est pas ce qui me rend nostalgique… bon, j’avoue peut-être un peu… c’est surtout le fait de devoir quitter ce groupe avec qui je viens de vivre des moments si intenses et si uniques… Des moments de grâces inoubliables. C’est comme si, encore une fois, le Seigneur me démontrait que lorsque ça ne me tente pas, c’est là qu’il prend la place et qu’il manifeste sa gloire… que lorsque je me sens faible et pas prêt, c’est là qu’il vient à mon secours et me donne des ailes et l’aide dont j’ai besoin. Parce qu’en effet, avant de partir pour ce pèlerinage, je ne me sentais pas prêt du tout. Même au contraire, je me sentais plutôt moche et sans désir réel d’entreprendre ce voyage qui me semblait plutôt long et ennuyeux!
Et encore une fois, le Seigneur m’attendait là où je pensais le moins, dans mon manque d’enthousiasme! Il est incroyable ce Dieu de l’imprévisible! Tous ces moments de prières et de sentiments d’être en sa présence! Toutes ces fois où je me mettais en disposition d’accueil et où j’étais prêt à le rencontrer! RIEN! Il se présente à moi au moment où je m’en attends le moins. C’est ce qu’il a fait dans ce pèlerinage encore une fois. Les jours avançaient et mon sentiment d’incompétence grandissait… ah oui! Parce que ça, c’est moi! Un perpétuel insécure qui cherche pourtant à toujours donner le meilleur de lui-même. Mais voilà qu’au dernier jour officiel de notre pèlerinage, le Seigneur nous a «rentré d’dans».
Je vous mets en contexte. Nous étions à Philippe, là où Lydie avait été baptisée par Paul. Une scène splendide et naturelle! Les arbres immenses nous donnaient l’impression de faire partie des ruines qui ornaient le décor chaleureux de ce site si paisible. Et il y avait ce petit autel d’un côté du ruisseau et de l’autre des estrades à la forme d’amphithéâtre grecque. Ce qui nous divisait c’était la source… ou plutôt ce qui nous unissait! Nous rappelant au moment où je célébrais l’Eucharistie parmi les chants des oiseaux et le bruit de l’eau qui courrait à son berceau, que le Christ nous mène à la source… qu’il est la source d’eau jaillissant de cette même Eucharistie.
Je n’avais pas le gout de célébrer. La fatigue. Le voyage. Le soleil. Bref, tout y était pour me rappeler que j’aurais été mieux allongé sur le gazon à l’ombre d’un arbre. Mais pas le choix! C’est ce que je devais faire. Voilà qu’à la fin de la messe, regardant cette eau gelée et pensant à mon rhume encore fragile, même si presque guéri, j’offris aux pèlerins la possibilité de renouveler la grâce de leur baptême. J’enlevai mes souliers, mes bas, je retroussai mes pantalons et m’immergea dans cette eau trop froide pour une chaleur aussi intense. Deux personnes décidèrent d’avancer, deux autres, une autre, un autre… et au moment où je croyais terminer, tout le groupe y était passé… même notre guide qui n’avait jamais vu ça et qui est orthodoxe est venue pour accomplir ce geste de foi… nous l’avons rebaptisé Lydie. C’était elle… nous accueillant dans cette terre étrangère en ce lieu de grâce. Nombreux pleuraient… nombreux sentaient la grâce si abondante dans leur cœur et moi? Je me rendis compte encore une fois que le Seigneur est là où commence ma faiblesse… le Seigneur est là dans la limite où je le laisse passer et où mes forces me lâchent pour faire place à lui seul. Mon rhume? Guéri! Je ne crierai pas miracle pour ça cependant, je vais le faire pour cette jeune maman orthodoxe qui a vu sa vie bouleversée par un prêtre tout croche et tatoué qui ne veut qu’être un canal de la grâce… même quand ça ne me tente pas!
2 Comments
Leave your reply.