En ce merveilleux dimanche où nous avons la joie de lire l’Évangile du récit des disciples d’Emmaüs, je reviens à peine de Corinthe où notre groupe et moi avons célébré l’Eucharistie dans les ruines de ce qu’étaient l’ancien village et l’ancienne église. Je ne voudrais pas faire de jaloux… mais c’était un scénario divin… pour ne pas utiliser le mot féérique dans un contexte si sacré. Le soleil si fort, nous étions à l’ombre des pins énormes qui ont marqué le temps par leur poussé de vie, le vent qui venait caresser nos visages était suffisamment puissant pour nous faire oublier la chaleur intense de ce printemps corinthien qui se réveille à peine et qui se fait voir dans la poussée des coquelicots. Bref, tout simplement magnifique.
Ce qui l’était probablement davantage était le fait d’être à l’extérieur et de pouvoir gouter la présence de Dieu dans la nature autant que dans l’Eucharistie. Et quel adon! C’était l’Évangile des disciples d’Emmaüs. En fait, je n’y vois pas d’adon, je n’y vois que de la providence, comme chaque fois que l’on ouvre les Écritures pour y découvrir des saveurs nouvelles au gré de nos appétits spirituels.
Vlan! Un Évangile puissant… du fait qu’il nous rappelle une chose fondamentale : Dieu se fait présent à nous, même dans ces moments où tout semble terminé et qu’il ne semble plus y avoir d’espoir et de possibilités… il marche avec nous dans nos difficultés et nos défis.
En lisant cela, vous pouvez probablement vous poser la question du comment! En fait, c’est une belle théorie, mais ce n’est pas si évident que ça à ressentir dans la pratique non? Et si Dieu nous faisait parcourir le même chemin? Si Dieu nous appelait à prendre la route vers Emmaüs? Vers ce lieu qui est opposé à Jérusalem… qui est une descente de Jérusalem, ce lieu où nous devions cependant trouver Dieu… ce lieu qui représentait en quelque sorte l’extériorité de la foi : Le grand temple, les pratiques austères et centrées sur l’accomplissement de la loi et des préceptes. Non! Ce n’est pas là que les disciples le rencontrent… c’est sur la route qui descend de Jérusalem, sur cette route périphérique… parce qu’entre vous et moi, avant ce moment, nous n’avions jamais entendu parler d’Emmaüs! Que peut-il y avoir de bon à Emmaüs?
C’est pourtant sur cette route que Dieu se fait présent et qu’il plonge les disciples au cœur de sa rencontre… ou mieux dit : il les plonge dans leur cœur pour aller à sa rencontre.
Ce chemin est donc signifiant pour chacun de nous, il est la route de la tête vers le cœur, de l’extériorité des rites et des pratiques mécaniques à la rencontre vraie et profonde de Dieu. «Notre cœur n’était-il pas brulant» sera alors aussi notre exclamation. Nous découvrirons ainsi le temple comme le lieu de la communauté et nous cesserons de centrer nos efforts sur les plis de nos aubes et sur les positions de nos mains, bien que cela nous rappelle le sacré de nos célébrations… parce que nous pourrons alors comprendre ce que Paul nous dit lorsqu’il nous répète à tort et à travers que la loi tue et la foi libère (cf. les lettres aux Romains et aux Galates)… en fait, nous cesserons de chercher Dieu dans les fleurs fanées de nos entreprises humaines pour le découvrir dans le mystère de sa présence en nous.