La salle était comble… Le rideau encore fermé, je me distrayais en observant les gens dans la foule. Certains chics, d’autres «casual», certains artistes, d’autres bohèmes et tout d’un coup, les lumières s’estompèrent nous laissant tous sans voix ou presque, puisque certains s’empressaient encore de terminer leur phrase… Et pendant ce temps, se présenta sur scène la directrice artistique! Quelle femme! Non… je ne parle pas de son physique, bien qu’elle n’avait rien à envier à ses grandes vedettes, je parle de son discours!
J’étais arrivé à ce spectacle avec quelque peu de préjudice et de mépris, me sentant presque étranger dans cette salle comble de gens disparates, j’y étais invité et j’avoue que mon cœur n’y était pas tout à fait rendu lorsque cette femme se présenta! OK… Relaxez! Je vais vous dire c’était quoi! C’était un spectacle de ballet! En fait, je me serais senti plus confortable à un combat de Georges Saint-Pierre ou un film américain surexagéré desquels désormais nous pouvons tous et toutes deviner les finales. Mais non! Rien de ça! Un spectacle de ballet. Ma masculinité se sentait vulnérable, mon machisme caché faisait des siennes, ma peur des stéréotypes «kickait» dans le tapis… jusqu’à ce que cette femme se présenta sur scène pour parler du spectacle et dire ce qui suit : «L’école de ballet est un endroit où nous apprenons à apprivoiser la chute pour mieux prendre son envol». WOW! Est-ce juste moi ou cette phrase est en plein dans le mille? Oui, elle expliqua à quel point la hantise du danseur ou de la danseuse était la chute, mais plus il apprenait à l’apprivoiser et plus il la banalisait, plus il finissait par moins chuter puisqu’il n’en était plus obsédé. BAM! Cela m’a rappelé Jean Monbourquette et Apprivoiser son Ombre. C’est en plein cela… c’est ce que je ne cesse de prêcher, me faisant parfois même accuser d’encourager le vice et le péché… et pourtant je ne cherche qu’à faire comprendre ce que j’ai moi-même compris dans ma vie!
Te faisant ami avec tes côtés sombres, les apprivoisant, les admettant… tu finis par apaiser leurs cris, tu finis par mieux les connaitre et bien souvent ils finissent tranquillement par s’estomper.
Je n’avais jamais appris cela au séminaire ni en communauté. Jamais! Au contraire, je me nourrissais de peur d’être jugé et condamné et de confessions mal vécues qui devenaient une sorte de libération momentanée, m’empêchant de sombrer dans la culpabilité! Je n’avais rien compris de la grâce… surtout pas de la confession. En fait, c’était peut-être parce que quelque part, je me rendais compte d’être entouré de chasseur de pailles!
Oui, les chasses aux sorcières étant terminées, nous nous sommes dédiés à la chasse aux pailles! Jésus l’avait dit : «Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi!», ou «Comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère.» (LC 6, 41)
J’en ai entendu des jugements, des médisances et des calomnies, mais ces mêmes personnes se retrouvaient souvent dans des pires scénarios ou cachaient de pires squelettes!
C’est triste à dire, mais l’Évangile ne résonne pas dans leurs bouches, ils continuent de médire et de calomnier pendant que leur cœur s’éloigne de Dieu et qu’ils s’enfoncent dans leurs propres péchés. J’aimerais tellement que nos églises deviennent des écoles de chutes! Certainement pas de façon concrète, cesse ton imagination toute de suite! Common! Mais, des endroits où nous sommes accueillis dans nos faiblesses pour apprendre les plus hautes voltiges et donner des spectacles à la hauteur de celui que j’ai vu… pas des pros, mais presque… En fait, ils m’ont rendu amoureux du ballet… comme nous pourrions rendre amoureux de l’Évangile! «Just saying!»